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Jeûne intermittent chez les enfants et adolescents : bonne ou mauvaise idée ?

Jeûne intermittent chez les enfants et adolescents : bonne ou mauvaise idée ?

Jeûne intermittent chez les enfants et adolescents : bonne ou mauvaise idée ?

Qu’est-ce que le jeûne intermittent ?

Le jeûne intermittent est une pratique alimentaire qui alterne des périodes de jeûne et des périodes d’alimentation normale. Il existe différentes méthodes, comme le 16/8 (16 heures de jeûne pour 8 heures d’alimentation), le jeûne un jour sur deux, ou encore le régime 5:2. Devant sa popularité croissante chez les adultes, certains parents se demandent s’il pourrait également convenir à leurs enfants ou adolescents. Mais est-ce réellement adapté à cette tranche d’âge en pleine croissance ?

Une tendance influencée par les réseaux sociaux et les modèles adultes

Avec la montée en popularité de certaines figures d’influence dans les domaines du bien-être et de la nutrition, le jeûne intermittent est parfois perçu comme une méthode miracle pour perdre du poids ou favoriser la concentration. Les adolescents, en particulier, exposés à ces messages sur les réseaux sociaux, peuvent développer un intérêt croissant pour ces pratiques. Mais ce qui fonctionne pour un adulte ne peut être automatiquement transposé aux plus jeunes sans précaution.

Chez les adolescents, cette imitation du comportement adulte en matière de régime alimentaire peut être motivée par un désir de conformité, de contrôle de l’image corporelle, ou un souci de performance. Or, ces motivations, combinées à une pratique inadaptée, peuvent avoir des effets négatifs durables sur la santé physique et psychique.

Les besoins nutritionnels spécifiques des enfants et adolescents

Les enfants et adolescents sont en période de croissance rapide. Leur organisme a besoin d’un apport énergétique suffisant et constant. Le développement osseux, la maturation du cerveau, les modifications hormonales ainsi que la construction des muscles exigent une nutrition régulière, équilibrée et riche en nutriments essentiels. Priver leur corps de repas sur de longues heures peut nuire à ce processus naturel.

Le jeûne intermittent risque notamment de compromettre l’apport de :

Ces éléments doivent idéalement être répartis sur plusieurs repas au cours de la journée. Réduire le nombre de prises alimentaires peut rendre plus difficile l’atteinte des besoins quotidiens, notamment si l’enfant est actif ou pratique une activité sportive régulière.

Jeûne intermittent et développement psychologique

Au-delà des répercussions physiques, suivre un régime restrictif comme le jeûne intermittent peut aussi affecter le bien-être émotionnel et mental des jeunes. L’adolescence est une période de construction identitaire souvent accompagnée de vulnérabilités psychologiques. L’introduction d’un cadre alimentaire strict peut ouvrir la porte à des troubles du comportement alimentaire, notamment l’orthorexie ou la boulimie.

Les adolescents qui s’adonnent à des pratiques alimentaires rigides peuvent également développer une relation anxieuse à la nourriture, conduisant à une perte de plaisir et à des comportements compensatoires comme les crises alimentaires hors période de jeûne. Il est donc essentiel d’encourager une approche équilibrée et intuitive de l’alimentation.

Les rares situations où le jeûne est envisagé médicalement

Dans certains cas très spécifiques, encadrés par une équipe médicale, le jeûne peut être utilisé chez des enfants ou adolescents dans un but thérapeutique. C’est notamment le cas pour certaines formes d’épilepsie résistantes aux traitements, où un régime cétogène et des fenêtres alimentaires restreintes peuvent être envisagés.

Mais ces pratiques sont toujours menées sous supervision médicale rapprochée et ne doivent en aucun cas être entreprises de manière autonome ou par mimétisme. En dehors de ces indications précises, les professionnels de santé déconseillent formellement le jeûne intermittent chez les plus jeunes.

Alternatives saines pour instaurer de bonnes habitudes alimentaires

Pour les familles soucieuses de la santé de leurs enfants et désireuses de leur transmettre des habitudes alimentaires saines, il vaut mieux se tourner vers des méthodes pédagogiques promouvant :

Ces principes ont l’avantage de concilier santé, bien-être et croissance. Ils sont largement validés par la communauté scientifique et soutenus par les recommandations des principales autorités de santé comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ou Santé publique France.

Ce que disent les experts de santé sur le jeûne intermittent chez les jeunes

La majorité des nutritionnistes, pédiatres et professionnels de santé s’accorde à dire que le jeûne intermittent n’est pas recommandé chez les enfants et les adolescents en bonne santé. Un rapport de l’Académie Américaine de Pédiatrie souligne même les risques liés à la promotion des régimes amaigrissants auprès des jeunes : augmentation de l’anxiété alimentaire, altération de l’estime de soi, et augmentation des troubles du comportement alimentaire.

En France, les recommandations récentes de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) déconseillent clairement toute restriction calorique non justifiée médicalement chez les jeunes de moins de 18 ans. Ces pratiques peuvent perturber le métabolisme, avec des conséquences à long terme sur la santé physique et psychologique.

Le rôle central des parents dans l’éducation alimentaire

Face à l’exposition croissante à des pratiques alimentaires douteuses, les parents jouent un rôle fondamental. Ils peuvent aider leurs enfants à développer une relation saine à la nourriture, en valorisant l’équilibre, le plaisir de manger et l’écoute de soi plutôt que les régimes restrictifs.

Il est également utile de rester attentif aux signaux de changement de comportement alimentaire chez les jeunes : évitement des repas, obsession pour les « aliments sains », culpabilité après avoir mangé, perte de poids inexpliquée. En cas de doute, consulter un professionnel de la santé est recommandé.

En résumé

Le jeûne intermittent, bien qu’efficace et parfois bénéfique chez l’adulte, ne trouve pas de justification solide dans la population des enfants et adolescents. En phase de croissance, leur organisme réclame une alimentation régulière, variée et suffisante. Plutôt que de suivre les tendances, il est préférable de s’appuyer sur les enseignements des professionnels de santé et de promouvoir une hygiène de vie respectueuse des besoins physiologiques et psychologiques des plus jeunes.

Pour les parents soucieux d’améliorer les habitudes alimentaires de la famille, il existe de nombreuses ressources, livres et ateliers ludiques qui permettent d’apprendre ensemble à mieux manger, sans frustrations ni interdictions.

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